Le craving : kesako ?

Nous avons eu l’opportunité d’échanger avec le Dr Cutarella, Psychiatre, Addictologue et président du GRAAP (Groupe de Recherche en Alcoologie et Addictologie de Provence).

Il est l’un des organisateurs du prochain congrès du GRAAP qui se déroulera le jeudi 19 avril au Centre Hospitalier Montperrin à Aix en Provence, le thème retenu cette année est « Pathologies duelles et craving » (pour en savoir plus …)

Pour le Dr Cutarella, le craving chez les consommatrices de tabac est une notion à la fois complexe et importante. Complexe parce qu’elle est difficile à définir et à évaluer par les patients eux-mêmes. Importante parce que le craving est à lui seul une composante centrale de l’addiction et responsable de nombreuses rechutes.
On pourrait définir le craving comme une pulsion irrépressible d’aller vers une substance à un moment où l’on ne s’y attend pas et où l’on ne le veut pas forcément. On retrouve dans cette définition le caractère soudain du phénomène et la notion de perte de contrôle.
On comprend alors mieux pourquoi il est si important de comprendre ce qu’est le craving. Dans l’accompagnement des sujets présentant des addictions, il est incontournable pour le praticien de savoir et repérer, évaluer et traiter ce craving. Pour l’usager, il est primordial de le reconnaître et d’identifier les facteurs susceptibles d’engendrer le craving.

Les circonstances favorisantes du craving chez les consommatrices de tabac

L’offre de tabac tout d’abord, mais aussi :

  • l’effet d’amorce : l’inhalation de fumée qui déclenche le craving ou encore la consommation d’autres substances addictogènes comme l’alcool. Avec le café c’est plutôt les habitudes de l’association, quelque chose de plus comportemental.
  • les circonstances liées au contexte extérieur : exemple de la fumeuse sevrée qui a envie de fumer une cigarette après un bon repas, ou lorsqu’elle est en état de stress
  • le contexte interne : la personne ressent des sentiments habituellement associés à la consommation du produit comme la honte, la culpabilité ou l’euphorie… Il a été montré que l’exposition à des stimuli visuels (photos ou vidéos en liens avec la fumée ou la cigarette) augmente le désir de fumer. Des études menées chez des ex-fumeurs ont montré que les facteurs associés au craving étaient l’humeur dépressive, la consommation d’alcool et la fréquentation d’un endroit associé au tabagisme.

Arrêter de fumer ne fait pas (forcément) grossir

Si vous êtes dans la démarche d’arrêter de fumer nous vous rappelons que les deux clés de la réussite sont la préparation et la motivation. Il faut absolument faire le point sur votre motivation et anticiper / se préparer à l’arrêt. Vous pouvez vous adresser à un professionnel de santé (médecin, pharmacien , tabacologue…) car leur soutien et éventuellement celui de votre entourage est important lorsque vous arrêtez de fumer.

Autre élément que nous souhaitions aborder: « Si j’arrête de fumer je vais grossir », c’est la phrase qui tourne à l’obsession chez un grand nombre de femmes candidates à une vie sans tabac. La grande responsable, la nicotine. Chaque fois que vous fumez une cigarette, vous bénéficiez du pouvoir hyperglycémiant de la nicotine, le taux de glycémie augmente. Cette augmentation de glucose se traduit au niveau de votre cerveau par la diminution de la sensation de faim : c’est l’effet coupe faim de la nicotine. Ce qui implique une augmentation de l’appétit à l’arret du tabac par manque de nicotine, il faut donc en apporter.

Mais comment ? par une substitution nicotinique bien dosée : patchs et / ou gommes , pastilles ou spray . On rajoutera que la bonne posologie des substituts nicotiniques diminue le craving.

La nicotine joue son rôle de substance addictogène, ce qui signifie qu’elle est à l’origine du phénomène addictif par le fait qu’elle soit délivrée par bolus à chaque bouffée. Elle n’est par contre responsable d’aucun cancer ou trouble cardio-vasculaire.

Ci dessous quelques recommandations pour réduire au strict minimum la prise de poids.

  • 1 ère recommandation : freiner les sucreries et les graisses, n’hésitez pas à demander les conseils d’une diététicienne ou diététicien (eh oui il y a aussi des hommes..)
  • 2 ème recommandation : pratiquer une activité physique de façon régulière. C’est-à-dire reprendre une hygiène de vie : alimentation, activité physique et essayer de se coucher à heure fixe.
  • 3 ème recommandation : le fait de prendre des substituts nicotiniques et/ou des traitements médicamenteux à la bonne dose est important pour limiter les signes de manque comme par exemple l’augmentation de l’appétit ! cela vous donnera aussi un bon vécu de votre arrêt tabagique et renforcera votre motivation !

Du nouveau dans la prise en charge des traitements d’aide à l’arrêt du tabac  

Edouard Philippe, Premier ministre et Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé ont réuni lundi 26 mars un Comité interministériel de la Santé (CIS). Ce comité a permis de présenter les 25 mesures-phares de la politique de prévention destinées à accompagner les Français pour rester en bonne santé tout au long de leur vie.
Parmi les mesures phares le forfait d’aide au sevrage tabagique, actuellement de 150 euros par année civile et par assuré, évoluera vers le remboursement classique. L’un des freins souvent évoqué
actuels du recours aux traitements de sevrage était la nécessité de faire systématiquement l’avance de frais dans le cadre du forfait. Mais quoiqu’il en soit on reste toujours gagnant dans une démarche de sevrage tabagique !

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